Revue de presse
Fillette trop grande, l’adoption tourne court
Il n’y a pas que des adoptions heureuses. Celle-ci s’est mal finie pour une fillette d’Afrique et un couple de Picardie.
Fin 2013, un couple des environs d’Amiens adopte enfin son deuxième enfant : une fillette que son nouveau papa ramène d’Afrique au prix d’une longue et coûteuse procédure. Dès l’aéroport, ça se passe mal. « Quand je suis arrivée à Paris, j’ai vu que maman n’était pas contente, déclarera l’enfant. Elle a dit « oh, je la croyais plus petite et plus grande » ». « C’est faux », répond la mère, poursuivie comme son mari pour des violences sur mineure.
« Vous donnez l’impression d’avoir bloqué sur la taille », résume le juge. Le couple attendait une fille de six ans. Un dentiste leur dit qu’elle en a davantage, puisque ses molaires sont sorties. Un radiologue estime l’âge entre neuf et onze ans. « Mais ça changeait quoi ? Elle n’avait besoin que d’une chose, c’est qu’on l’aime ! » s’exclame la procureure Séverine Bleuse. La mère se justifie : « Nous n’étions pas prêts à avoir un enfant, grand, avec un passé… »
« Comme un meuble chez Ikea »
Rien ne va dans la maison. La petite se terre dans sa chambre, ses parents n’arrivent pas à communiquer avec elle. « La filiation ne s’est pas faite », admet la maman. « La greffe n’a pas pris », traduit le président Manhes.
Dans le délai légal de six mois, le couple décide de rendre la fillette aux services sociaux. Elle sera finalement confiée à une nouvelle famille, dans le sud, qui lui donnera un nouveau nom et un nouveau prénom (son troisième en dix ans !). « Elle va super bien ! Elle est première de sa classe et championne de golf », témoigne, très satisfait, son nouveau père. Avant cet épilogue trop beau pour être vrai, elle a eu le temps d’accuser ses brefs parents picards de lui avoir donné des claques et de l’avoir privée de repas.
« Elle n’a pas la bonne couleur, pas la bonne taille, alors on la ramène comme un meuble chez Ikea ! » accuse encore le nouveau père. Me Catillion, en défense, remet à sa place celui qui réclame 15000 euros de dommages et intérêts (c’est le prix d’une adoption) et trouve les mots justes pour rappeler que dans cette histoire, la souffrance est des deux côtés.
Jugement : relaxe.